Le mot Mégot vient du verbe dialectal mégauder qui signifiait téter…
Chaque seconde dans le monde, 137000 cigarettes sont fumées soit 5600 milliards par an ; en France 1000 par seconde ou 30 à 40 milliards/an (chiffres 2008) ou 54 milliards en 2011, selon les sources. Ce qui fait autant de mégots munis à 98% de filtres ; des chiffres énormes.
Et seulement 40% environ de ces mégots finissent dans un cendrier, le reste est jeté au sol, en ville, sur la chaussée ou directement dans les égouts, en pleine nature ou dans un cours d’eau.
La ville de Paris, dépense 2 millions d’euros par an pour en récupérer 350 tonnes dans ses rues, ses égouts. Les coûts des collectes dans les autres métropoles sont aussi vertigineux. Dans le monde, au final, 52 millions de mégots seulement sont ramassés.
Ce n’est pas sans conséquence sur l’environnement ce dont les fumeurs n’ont pas forcément conscience, ou s’en foutent, tant ce geste habituel leur parait normal, sans parler des crétins qui vident leurs cendriers de voitures sur les parkings.
qui échappent à la balayeuse municipale ou aux campagnes ponctuelles de ramassage (méritoires mais peu efficaces à long terme) par des associations, des scouts, et … ?
Emportés par les vents et surtout l’eau de pluie, vers les caniveaux, les égouts, ils sont rarement retenus par les stations d’épuration ; Ils continuent leur chemin et ont toutes les chances de rejoindre les cours d’eau, de contaminer des nappes phréatiques, et pour certains de rejoindre les plages et les océans. Selon Surfrider Foundation 80% des mégots retrouvés en mer sont d’origine continentale. C’est l’un des principaux déchets retrouvés sur les plages, Et ceux jetés dans la nature mettront 10 à 15 ans pour se décomposer.
Or un mégot n’est pas un déchet inerte, une pollution visuelle qui pourrira sans laisser de trace. Il ne se délite pas facilement et peut être pris pour une proie par un oiseau ou un poisson qui s’étoufferont et s’empoisonneront avec.
Du filtre, du reliquat de tabac plus ou moins consumé, et du papier qui l’entoure
98% des cigarettes sont munies de filtres qui concentrent les produits de la combustion incomplète du tabac, toxiques, ou cancérigènes : naphtylamine, méthanol, cadmium, benzo-a-pyrène, chlorure de vinyle, toluidine, uréthane, goudrons, dibenzacridine, mercure, plomb, acide cyanhydrique, nicotine…. Toutes ces molécules dispersées dans l’eau contaminent les milieux, empoisonnent la faune, s’accumulent dans la chaine alimentaire et finiront à terme dans nos assiettes.
Les filtres ne sont pas composés de papier mais d’acétate de cellulose, matière plastique stable, qui est traitée avec du dioxyde de titane, et compactée avec de la triacétine, produit irritant, pour lui donner sa forme.
Un seul mégot contamine 500 litres d’eau dans les réseaux d’assainissement, les rivières, les océans : des chercheurs américains ont montré que la moitié des poissons en aquarium soumis à une pollution à hauteur d’un seul mégot par litre mourraient, et 80% pour 2 mégots par litre, avec un temps de trempage moyen de 96 heures. Les espèces marines sont plus sensibles, la dureté de l’eau de mer accélérant probablement la biodisponibilité de certains composants dont la nicotine. D’autres études doivent cependant être menées pour expliquer ces constatations.
Quand je vois qu’on continue à jeter nos mégots par terre… Est-ce que notre société est prête à des grands changements ?» S’interrogeait Nicolas Hulot encore ministre pour quelques semaines.
Appel au civisme de chacun, Informer les fumeurs sur les conséquences de ce geste pluriquotidien, à conditions que les campagnes d’information, soient continues ; journées de ramassage médiatisées, sensibilisation lors de rassemblements festifs : mais les pollueurs regardent les nettoyeurs nettoyer et après on recommence. Il ne faut pas trop compter sur le civisme…
La Ville de Paris, suivie de quelques grandes métropoles, a installé des rebords servant d’éteignoirs sur des corbeilles municipales pour que les fumeurs puissent écraser et y jeter sans risque leur mégot ; installé des cendriers urbains, incité les fumeurs à porter un cendrier de poche. Toulouse, Mulhouse lancent une campagne de distribution de cendriers de poche. A Besançon depuis 2009 les corbeilles sont surmontées de petits cendriers, pas très efficaces, il suffit de regarder au sol pour s’en rendre compte, rien n’incite à vraiment changer ces comportements. La bonne volonté ne suffit pas.
Aucun chiffre n’est sorti sur la quantité qu’ils s’engagent à ramasser, pas de prise en charge du coût de la collecte, pas de projet de filière de recyclage ; et rejet de la responsabilité sur les fumeurs avec souhait de renfort de la répression, après ils verront s’ils se décident à mettre de l’argent sur la table. L’Etat aussi gagne de l’argent par ce commerce.
Les fabricants préconisent seulement la distribution de cendriers, d’imprimer des messages de sensibilisation sur les paquets.
En février 2019 la secrétaire d'État a décidé de passer par la loi pour les obliger à gérer la fin de vie des cigarettes : prévention ramassage, recyclage ; le gouvernement décide d’appliquer le principe du pollueur payeur : la création d’un éco organisme est prévue dans la future loi sur l’économie circulaire. Les modalités du financement restent à définir.
Mais si les industriels ne s’opposent pas sur le principe, ils trainent les pieds : « On veut juste que l'effort demandé soit proportionné », souligne un de leur porte-parole. « Il faut d'abord faire un état des lieux pour évaluer précisément les dégâts causés par les mégots et fixer des objectifs tenables », et ils refusent que le financement soit proportionnel au volume des ventes.
Ils prônent encore l’incitation à jeter dans des lieux dédiés inscrite sur les paquets, l’incinération des mégots et non leur recyclage.
A suivre...